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Histoire de l'île de Batz

L’Ile de Batz doit son nom à sa forme,

une île relativement basse,
qui pour les marins se confond avec les collines du continent. 

Aux origines...

Les premières traces avérées d’une présence humaine remontent à plus de 5000 ans, à une période où l’Ile de Batz n’était vraisemblablement pas encore séparée du continent. Les vestiges d'une ancien nécropole de l'Age de Bronze sont encore visibles dans le Jardin Georges Delaselle. De la période romaine, il ne reste que peu de vestiges, seulement une petite meule à grain découverte dans le quartier du Roc'Higou.

Vers le IVème siècle, fuyant les angles et les saxons, les bretons quittent la Bretagne insulaire (la Grande Bretagne) traversent la Manche et s'installent en Armorique.

Au VIème siècle, Paul Aurélien, moine gallois disciple de Iltud de Cambrie, vient avec une poignée de compagnons évangéliser cette partie de la Bretagne. Il fonde sur l’île une communauté monastique et devient le premier évêque de Léon.

Durant tout le Moyen-Age, les incursions normandes ravagent régulièrement les côtes bretonnes. En 878, le viking Hasting débarque sur l'île dont il fait sa base pour ses expéditions sur le continent. A son départ, en 882 le monastère fondé par St Pol est complètement détruit. Vers 950 commence l’édification, à l’emplacement de l’ancienne, d’une nouvelle église aux proportions importantes pour l’époque. Les vestiges forment l’actuelle chapelle Ste Anne.

Guerres franco-anglaises

Avec les guerres contre l’Angleterre, la dureté des éléments et le relatif isolement, la communauté insulaire survit. L'île, qui dépendait autrefois de l'Abbaye de St Melaine à Rennes, devient propriété de l'Évêque de Léon. En 1296, Philippe Le Bel, qui soupçonne les ports bretons de fournir armes et vivres aux anglais, ordonne d'évacuer l'île de ses habitants qui ne peuvent y retourner que pour y faire la moisson avec seulement une journée de vivre. L'Ile de Batz est de nombreuses fois pillée et ravagée par les troupes anglaises, comme en 1388, 1559 et 1587. Dans cette même période plusieurs lettres patentes confirmant des actes antérieurs signés par Henri III, exonèrent d'impôts la centaine de familles de cette île « située sur le passage d'Espagne, d'Angleterre, des Flandres et autres pays étrangers et sujette à des invasions ennemies et pirates qui l'auraient plusieurs fois pillée et ruinée. ». Ces guerres ont engendré la misère et la déchristianisation tout le long du littoral du Léon. Michel Le Noblez entreprit l'évangélisation de l'île en 1610, à la manière de St Pôl dont il se proclamait le disciple.

Le Goémon

Au début XVIIème siècle, avec la culture du chanvre et du lin, destinés à l’industrie de la toile, l’île connaît un semblant de prospérité. Mais à partir de 1650, l’ensablement progressif de la partie Est de l'île oblige la population à s’installer autour du quartier du Vill. Afin de lutter contre l'envahissement des terres cultivées par le sable, il est fait obligation aux propriétaire de clore les parcelles de murets et de talus. La seule véritable richesse de l'île semble être le goémon, utilisé comme amendement dans les terres, mais aussi comme combustible et plus tard pour l’extraction de la soude et de l’iode. De toujours, les îliens se sont battus pour conserver leurs droits exclusifs de ramassage des algues. En 1687, un arrêté signé de Colbert reprend les actes antérieurs concernant la propriété des goémons de la côte de l'île. Il fit force de loi jusqu'en 1844.

Au XVIIIème siècle, le développement de la marine de commerce et de guerre, permet à certains îliens de s’embarquer, tandis que d’autres restent pour la pêche côtière ou le pilotage. Les femmes cultivent la terre et en tirent une maigre subsistance. Les archives de la Marine mentionnent plusieurs cas de pilotes insulaires s'adonnant occasionnellement à la contrebande de tabacs, d'armes, le transports de criminels ou de déserteurs vers les îles de Guernesey et de Jersey, obligeant l'amirauté à intervenir régulièrement. La prospérité semble s'installer puisqu'en 1780, l'île compte 1100 habitants.

L'île devient officiellement une commune

Durant la période révolutionnaire, les guerres contre les anglais imposent une présence militaire de plus en plus importante sur l'île. Quatre batteries de côte sont édifiés pour protéger le chenal qui, du fait de sa position stratégique dans la Manche, offrait un mouillage sûr aux convois mais aussi aux corsaires faisant la course contre les navires anglais. L'Ile devient commune en 1790.  La plupart des hommes étaient embarqués dans la Marine qui défendait nos côtes. Beaucoup trouvèrent la mort où furent faits prisonniers par les anglais et déportés sur les sinistres ''pontons''. Les femmes restées au pays, ne recevant plus la solde de leurs époux, frères ou fils, sombrent dans une grande misère. Elles sont 87 à signer en 1794, une pétition adressée à l'amirauté pour supplier d'avoir un peu de compassion et de charité.

L'agriculture et les infrastructures de l'île

Il faut attendre la première moitié du XIXème siècle pour que l’île connaisse sa grande période de prospérité avec les marins de commerce qui sillonnaient toutes les mers du globe. Quarante capitaines au long cours, dont certains propriétaires de leur navires, sont originaires de l'île. C’est de cette période que datent les grandes maisons de pierres, à étage, entourées de hauts murs. Avec l’avènement de la marine à vapeur, plusieurs îliens deviennent mariniers de la Seine. Certains s'embarquent comme jonhies pour aller vendre en Angleterre les oignons roses de Roscoff. Mais l'île se tourne alors vers l’agriculture, en même temps que se développe sur toute la ceinture dorée du Léon la culture de la pomme de terre, du chou-fleur et de l’artichaut. L’île se dote progressivement de grandes infrastructures. Le phare en 1836, le môle en 1846, deux forts en 1859, le sémaphore en 1861, l’église en 1873.

Le bourg se développe à présent autour de l’anse de Pors Kernoc dominée par la nouvelle église et le sémaphore déplacé en 1905 sur l’ancien fort. Avec le XXème siècle, arrive le téléphone, en 1908. Mais il faut attendre 1938 pour qu’un câble électrique soit enfin posé entre le continent et l’Ile de Batz. Une grande école publique est édifiée en 1912 pour accueillir les nombreux enfants d’une population qui dépassait pour la première fois le millier d’habitants. Durant la première guerre mondiale, de nombreux îliens sont engagés dans la Marine, mais aussi sur les champs de bataille de l’Est. Ils seront 28 à y laisser leur vie. Dans l’entre deux guerres, le passage entre l’île et le continent est facilité par l’utilisation de moteurs sur les anciens bateaux à voile.

Pendant la seconde guerre mondiale

A la déclaration de guerre de 1939, de nombreux îliens se retrouvent mobilisés dans la Marine Nationale. Six vont y laisser la vie. Dès juin 1940, un petit groupe rejoint l’Angleterre, juste avant l’arrivée des troupes allemandes sur l’île. La garnison d’occupation comptera jusqu’à 350 hommes. Deux combats navals ont lieuau large de l’île. Le 29 avril 1944, un destroyer canadien, l’Athabaskan est coulé. Trois corps sont recueillis sur nos côtes. Le 09 juin 1944, le contre torpilleur allemand Z 32 s’échoue sur la côte nord. La garnison allemande quitte l’Ile de Batz, le 07 août 1944 après avoir fait sauter le sommet du phare, les deux forts, deux moulins et plusieurs maisons.

L'essor touristique

Après guerre, la vie des habitants se transforme. De nouvelles vedettes, plus confortables sont affectées au transport des passagers. La construction de l’estacade à Roscoff, en 1969 et  l’allongement de la cale du débarcadère à l’Ile de Batz améliorent considérablement les conditions de passage à marée basse. Avec l’arrivée de l’eau en 1972 et de l’assainissement en 1994, le confort apparaît dans toutes les habitations. Et à partir de 1982, avec l’ouverture du Collège des Iles du Ponant, les enfants ne sont plus obligés de partir poursuivre, sur le continent, leur scolarité après le primaire. L’acquisition d’une barge, dans les années 1980, va faciliter l’exportation de la production agricole sur Roscoff et le ravitaillement de l’île. Les deux marées noires, de l’Amoco Cadiz en 1978, et du Tanio en 1980 marquent profondément les îliens et bouleversent pour de nombreuses années son écosystème. Les gros travaux d’équipement se poursuivent, avec en 1992, l’inauguration d’une salle polyvalente et de la bibliothèque, et un peu plus tard, celle de la caserne de pompier et du cabinet médical. En l’an 2000, l’ouverture de la déchetterie permet enfin de résoudre le problème de la gestion des déchets.

En moins de 50 ans, la vie de l’Ile de Batz s’est beaucoup transformée. Mais elle a su conserver son originalité et son charme en maintenant une forte emprise agricole, garante de la conservation de son paysage, et qui avec la pêche et les services assurent une activité à l’année à plusieurs familles insulaires.